Le Forum international des ONG sur le changement climatique s’est tenu les 7 et 8 décembre derniers. Marie-Claude Machon-Honoré, membre du comité de liaison ONG-Unesco représentant BPW International, a prononcé à cette occasion le discours de présentation du Forum :
« Changeons les esprits, pas le climat » tel est le titre de ce forum et le slogan de l’Unesco lancé lors de la COP 21; cette formule pointe la nécessité de faire évoluer les mentalités et les comportements pour non seulement agir face au changement climatique, trouver des solutions ensemble d’atténuation et d’adaptation mais aussi saisir l’opportunité de transformations sociales pour un développement inclusif.
Nous partageons la même planète et l’être humain est au cœur de la stratégie ; il est avéré que les activités humaines sont à l’origine du dérèglement climatique (le GIEC) qui touche de plus en plus les populations et de façon inégale et sans commune mesure avec leur responsabilité. La solidarité s’impose.
Devant l’ampleur des catastrophes naturelles, la démarche doit être globale et collective. Elle s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2030 dont les objectifs sont transversaux et interdépendants afin de ne laisser personne de côté. Il s’agit de lutter contre la pauvreté (ODD1), d’ assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité.(ODD4), parvenir à l’égalité des sexes (ODD5), de permettre l’accès universel à l’eau, l’assainissement et l’hygiène (ODD6), de prendre d’urgence des mesures pour lutter contre le changement climatique(ODD13) et travailler en partenariats pour parvenir aux objectifs . Dans un contexte déjà difficile, les catastrophes naturelles déplacent deux fois plus de populations que les conflits.
Ce forum fait suite à la journée d’action des ONG du 6 octobre 2015 qui a donné naissance à une déclaration lancée lors de la COP 21, ce qui en justifie le sous-titre : « La contribution des ONG ».
Madame Bokova dit que le « le soft power » c’est aussi le pouvoir de s’inspirer de l’énergie de la société civile qui doit montrer la voie et nous rappelle que « l’Unesco existe pour construire des ponts, agir et réfléchir avec les autres ». C’est ce que nous allons faire ces deux jours avec l’Unesco.
La partie consacrée au rôle et à la contribution de la société civile répond notamment aux 2 des quatre pôles thématiques d’action prioritaire de la stratégie de l’Unesco : à savoir soutenir un développement social inclusif et promouvoir des principes de prise en compte systématique de l’éthique et de l’égalité des genres (priorité globale et groupe cible prioritaire) et aider à mettre en œuvre une éducation et une sensibilisation au changement climatique, notamment auprès de la jeunesse qui est aussi un groupe cible prioritaire de la stratégie.
La première séance thématique traitera de l’éthique, de la solidarité, des droits et de la bonne gouvernance pour une justice climatique. Le dérèglement climatique affecte les populations différemment et les plus touchées sont les plus vulnérables ; on parle de double peine s’agissant des plus pauvres, des autochtones, des personnes en situation de handicap et des femmes à cause des normes sociales en vigueur. Il est indispensable que ces groupes soient reconnus comme des acteurs à part entière, au niveau local, national et mondial.
La deuxième séance thématique dédiée à la sensibilisation et l’éducation au développement durable sera en continuité avec la session précédente pour l’appropriation (sense of agency) de l’action, et l’autonomisation climatique.
On y parlera d’eau car le climat c’est l’eau ! 80% des effets du changement climatique se manifestent par la raréfaction de l’eau, la pollution, les inondations et l’eau est source d’enjeux économiques et politiques ; « les guerres du 21e siècle seront celles de l’eau » (Mémoire d’un continent africain RFI en partenariat avec l’Unesco) mais l’eau c’est la vie. ACME Maroc (l’Association d’un contrat mondial pour l’eau) partagera ses projets en partenariat avec les écoles et les autorités locales dans les régions de Chichaoua, Safi et Essaouira entre autres, pour que des écoles soient connectées au réseau national d’eau potable et sensibiliser les populations à la préservation de l’eau et à la protection de l’environnement.
L’Afrique, dont 95% de l’agriculture dépend des pluies, est fortement menacée et reconnue comme une priorité globale. Deux représentants du forum des jeunes leaders d’Afrique viendront nous parler d’engagement citoyen des camps climat, et de reboisement. Il y a toute une structure sociale autour de l’eau en Afrique et la femme est au cœur de l’eau ; le leadership de l’Unesco dans ce domaine est reconnu, avec le programme mondial d’évaluation en eau et aussi le partenariat des femmes pour l’eau, l’Unesco car il s’agit de permettre aux filles d’aller à l’école au lieu de marcher des kms pour aller chercher l’eau mais aussi d’investir dans la formation des femmes pour la gestion de l’eau et les métiers verts.
Comme dit un proverbe chinois « la femme est la moitié du ciel » : elles sont les premières victimes mais aussi les premières à réagir et à agir. Les femmes se mobilisent pour le changement climatique et notamment les femmes autochtones dont le savoir et l’expertise doivent pouvoir être pris en compte et les voix entendues dans les négociations climatiques et les prises de décisions.
Nous faisons le vœu que le plan d’action en faveur de l’égalité des sexes initié lors de l’accord de Paris et adopté à la COP 23 devienne réalité.
L’écologie est un véritable levier d’inclusion sociale et il nous appartient de saisir cette opportunité pour relever ensemble, les femmes comme les hommes, dans des partenariats multisectoriels avec les communautés locales, les plus pauvres et les plus vulnérables, les défis lié au changement climatique.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite un très bon forum. »
Vous trouverez le programme du Forum ici.